C’est aujourd’hui, samedi, que nous avons rendez-vous avec Luc Lanier dans sa galerie située exactement rue des deux porches en plein centre de Brive.
La galerie reste de taille modeste mais regorge étonnamment de très nombreuses oeuvres d’art: peintures et sculptures pour l’essentiel. Le local a été investi et aménagé par Luc et Thierry (sculpteur) courant 2018. Mais, il faut tout de suite le préciser, la galerie n’est pas simplement une galerie: c’est également un atelier. Sur ce point, le terme « atelier » apparaît plus qu’adéquat car on y peint, on y sculpte, on échange également de tout, on fait des rencontres et on peut même prendre l’apéro le samedi midi!
Luc souligne que ce lieu n’est pas qu’une simple vitrine pour vendre des oeuvres. Non. Ce lieu trouve son origine dans le désir de créer du lien, de prendre plaisir à rencontrer d’autres personnes, à prendre ou à donner conseils en tout genre. Luc nous avoue même qu’il lui arrive de donner des cours de peinture gratuitement. Les amateurs comme les néophytes peuvent même selon l’occasion participer à la création d’une toile.
Souvent, les gens n’osent pas peindre sur mes toiles. Je les encourage à le faire car même si l’on fait « mal », on peut toujours rattraper. L’important, c’est de faire et pourquoi pas de faire ensemble après tout!
C’est en cela que l’on peut dire que La petite galerie est authentiquement un lieu alternatif.
D’ailleurs, juste en face de l’atelier a été posé un grand support permettant à Luc d’accrocher de grandes toiles de lin encore vierges. Ainsi, il lui arrive souvent de peindre dans la rue sous le regard des passants qui, à l’occasion, ou sous l’impulsion de Luc, prennent le pinceau.
« Ce sont des moments magiques, le plaisir du contact. Le temps s’arrête: il n’y a plus de travail, de soucis. Ces moments très intenses sont comme suspendus. Tout est sans prétention, on tient à retourner aux choses simples: on chante ou on joue de l’harmonica! »
D’un point de vue professionnel, Luc a fait mille métiers: pompier à Paris, parachutiste, chef d’entreprise avec plus de 10 salariés et, désormais, laveur de vitres pour les commerçants ou les particuliers. Bien qu’originaire de Bourgogne, Luc a vécu longtemps en Bretagne où il avait déjà créé une galerie de peinture, Le fou du roi, près de Pont Aven. Son goût pour l’art et la peinture, il le doit, avoue-t-il, à son père peintre et également sculpteur.
« J’ai commencé à peindre sur les genoux de mon père: c’est aussi simple que ça! »
Pour en revenir à son art, la peinture de l’artiste n’est pas abstraite mais figurative. Cela n’est pas son genre. Il travaille la matière, nous confie-t-il, car il aime charger la peinture, l’empâtement, afin de créer du volume, des reliefs et des ombres. Tout le contraire de la technique dite du « léchage ». Quant à ses sujets de prédilections, c’est assez simple: ce sont les bateaux! Toutefois, il avoue être réellement fasciné par les univers industriels. Le gigantisme industriel le subjugue littéralement car c’est une création de l’homme qui le dépasse: « je vois de la rouille partout sur un saxophone accidenté à la Coltrane! » Dans sa vie d’artiste, il nous dit qu’il y a des creux et des crêtes. Dans les périodes de creux, il peint en monochrome. D’ailleurs, il nous avoue qu’il ne s’imaginait pas à quel point on peut faire passer à travers des nuances de gris autant d’émotions. Autrement, dans les périodes de crêtes, il peint en couleur.
L’activité de sculpteur a démarré il y a peu. En effet, c’est en aidant un de ses amis à ramasser des déchets dans la nature qu’il s’est retrouvé avec une quantité importante de métaux. Ne sachant quoi en faire, il a eu l’idée de créer des bateaux! C’est une revalorisation des déchets en somme.
Mon véritable plaisir, dit-il, réside dans la construction.
Mon but n’est pas de vendre ou de chercher à me faire de l’argent! Non. Au final, Je donne, plus que je ne vends. Mais, au fond, je préfère le troc! C’est incroyable, car avec le troc, pas de gêne: tu files une toile, et on te rend un service! » Pour la petite histoire, on pourra rajouter que bon nombres de ses toiles et châssis résultent, eux aussi, du troc.
Sortie à Brive vous recommande La Petite Galerie rue des deux porches pour le plaisir du regard et de la rencontre, assurément haute en couleur, avec Luc Lanier.